De l'absentéisme

Publié le par Caracole

Comme suivre nos élèves quand ils sont présents dans l'établissement ne suffit pas, on les suit aussi quand ils ne sont pas là! Nous autres pions sommes des êtres fragiles et nostalgiques, l'absence de l'être aimé nous met à la torture, aussi dès potron-minet harcelons-nous sans vergogne vous autres parents indélicats (le joli mot) qui n'avez pas prévenu de l'absence de votre chérubin.

Le suivi des absences est une partie importante en temps et en énergie de mon travail. J'vous explique comment ça se passe (quel fin pédagogue je suis):

Dans un monde idéal:

... Bon dans un monde vraiment idéal les élèves ne sont pas absents. Ils bravent tempêtes, tremblements de terre et fins du monde pour venir guillerets et sautillants assoir leur petit popotin en classe en disant bonjour et merci (et en silence).

Mais! Dans un monde idéal où existe quand même la gastro, voilà ce qui se passe quand Charlotte-Eglantine rate malgré elle l'école, car alitée et fiévreuse:

- le prof fait l'appel, s'aperçoit de son absence en cours et la note sur l'ordinateur.

- le pion, fébrile, attend la mise à jour globale du logiciel et, une fois celle-ci faite, envoie les textos aux familles concernées.

- les parents concernés, informés de l'absence injustifiée de leur gamin, appellent dans l'instant, apeurés et repentants afin de prévenir le collège qu'effectivement, leur enfant ne pourra pas venir aujourd'hui malgré toutes leurs menaces car il est à l'article de la mort, foudroyé par la maladie, mais devrait être remis sur pieds dès le lendemain.

- le pion note alors le motif de l'absence sur le logiciel (ici: "suspicion de mort imminente mais temporaire")

- tout le monde est heureux et s'embrasse sur la bouche car le système fonctionne.

Seulement ...

Dans le monde réel:

- le prof fait l'appel... ou pas. D'ailleurs le prof lui-même n'est peut-être pas là (à 8h du matin on ne sait pas encore forcément de quel bois la journée sera faite).

- le pion, fébrile mais un café à la main, attend la mise à jour du logiciel qui parfois a un bug, puis envoie les textos quand un numéro d'un responsable légal est renseigné (il est même arrivé - certes rarement - que l'enfant mette son propre numéro de portable...).

- les parents concernés appellent pour expliquer l'absence, ceux qui le sont moins n'appellent pas, ou bien, plus inquiétant, ceux qui appellent pour dire que si, Edouard-Jean est bien parti pour l'école alors comment se fait-il qu'il ne soit pas en cours c'est encore de vot' faute bande de fonctionnaires!

- le pion note quand il y a lieu le motif de l'absence, qui devra être confirmé par l'intemporel petit coupon détachable du carnet de correspondance.

- toutes les absences non justifiées font l'objet d'un courrier aux familles en fin de semaine (autant dire que pour 600 collégiens, ça fait une sacrée pile de feuilles à plier et mettre sous pli, en priant pour que le logiciel ait bien aligné l'adresse du courrier avec la petite - si petite - fenêtre transparente de l'enveloppe), courrier au taux de retour fort ... aléatoire, mais que je dois bien entendu traiter.

J'en parle peut-être avec légèreté ici, mais l'absentéisme, quand il est répété, est un problème sérieux qui nous alerte car bien souvent c'est la partie émergée de soucis parfois lourds rencontrés par l'élève, qu'ils soient d'ordre scolaire, personnel, familial, ... qui compliquent grandement sa scolarité et nécessitent de notre part un suivi particulièrement attentif.

Attentifs à nos élèves? Nous? Rooo si peu ...

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